La vache, la carotte et le climat

« Quand est-ce qu’on mange ? », s’impatientent Smiley et Müesli. Les deux responsables viennent d’adapter le Picasso de l’après-midi. Smiley soupire. Une fois de plus, le dîner est décalé. La C.O. du matin vient de se terminer et quelques Eclais sont déjà allé-e-s chercher leur gamelle, alors que les cuistots annoncent un retard d’au moins vingt minutes !

Smiley annonce aux Eclais : « on a encore un peu de temps avant le repas. Profitons-en pour réfléchir aux étapes qui permettent à la nourriture d’arriver jusqu’à notre assiette ». Smiley remarque que Mötzli grimace. « Aujourd’hui, on mange des carottes ! » continue Smiley sans se laisser perturber. « Qu’est-ce qu’il faut pour que des carottes arrivent jusqu’à notre assiette ? ». Tout le monde crie en même temps « il faut les acheter au magasin » – « elles doivent être plantées dans une ferme » – « il faut un tracteur ». « Les carottes doivent être transportées jusqu’à nous » ajoute même Mötzli, qui a retrouvé un peu de motivation. Et une Eclaireuse ajoute : « les carottes ont besoin d’eau, d’engrais et d’air pour grandir ». Smiley intervient « tout ce que vous avez dit est juste ; on va en faire un jeu ! ». Aussitôt le terrain se transforme en champ de bataille – en champ de carottes plus précisément – où la moitié des Eclais jouent des brouettes que l’autre moitié pilote dans une course de relais. Le terrain de jeu doit être labouré, les carottes plantées, les mauvaises herbes arrachées et la terre arrosée.

Mais ça ne suffit pas. Après la période de croissance, les carottes sont récoltées. « Vous connaissez toutes et tous le jeu de la récolte des carottes, non ? » En un clin d’œil, tous les Eclais sauf Zottel sont couché-e-s par terre sur le ventre dans un grand cercle. Les carottes s’accrochent les unes aux autres en se tenant par les bras. Zottel se met à les récolter en essayant de les sortir du cercle en les tirant par les pieds. Chaque carotte récoltée aide ensuite Zottel dans sa mission : à plusieurs, la récolte devient plus facile ! En quelques minutes, les Eclais réussissent à s’occuper de l’entier du champ. Les carottes sont maintenant prêtes pour le transport, la vente et la consommation.

Du champ à l’assiette

Si tu ne cultives pas tes propres carottes dans ton jardin, beaucoup d’étapes sont nécessaires pour que tu puisses croquer dans une carotte. Chaque étape qui mène du champ à l’assiette a un impact sur la qualité de la carotte et sur l’environnement.

 

  • La culture et la transformation des denrées alimentaires nécessitent beaucoup d’énergie, par exemple du diesel pour le tracteur.
  • Les pesticides et le labour impactent négativement les écosystèmes locaux.
  • L’importation de produits par avion a un bilan CO2 très lourd. Le fait d’utiliser l’avion pour le transport des légums peut conduire à un bilan CO2 jusqu’à 10 fois plus mauvais.
  • Les produits hors-saison ont également un bilan CO2 plus lourd, notamment en raison de la quantité d’énergie nécessaire pour chauffer les serres et pour réfrigérer les lieux de stockage.
  • Le transport (hors transport aérien) représente environ 5 à 10 % du bilan environnemental des denrées alimentaires. Il parait logique de chercher à réduire ces émissions là où c’est possible. Néanmoins, les points mentionnés plus haut sont souvent plus pertinents.
  • Même si l’utilisation de plastique n’est vraiment pas souhaitable, l’emballage représente l’un des plus petits « péchés environnementaux ». Cela ne représente que 2 à 10% du bilan environnemental. Le contenu est bien plus important que l’emballage.

Fernrohr

Mais de manière générale:

Les produits d’origine animale (viande, poisson, lait, œufs) ont un impact sur l’environnement bien plus grand que les produits d’origine végétale. Voir plus bas.

 

 

Cet article (en allemand) dont les données sont tirées de l’organisation eaternity donne un très bon aperçu de l’impact environnemental de différents aliments :

 

https://www.watson.ch/wissen/das%20beste%202021/165885444-diese-grafik-zeigt-wie-klimafreundlich-deine-lebensmittel-sind

 

Topf

L’équipe des cuistots est enfin prête ! Les saladiers, casseroles et poêles sont transportés de la tente cuisine jusqu’à la sarrasine. Müesli se porte volontaire pour donner un coup de main – même si c’est surtout pour que ça aille plus vite. Möztli est tout content : « y a des burgers ! ». Adler répond « ouais, mais je crois que c’est des burgers végétariens… ». Zottel râle immédiatement : « Oh non ! Mais pourquoi ? ». Et juste à ce moment-là, Müesli s’encouble avec sept carottes dans les mains. Les carottes font un magnifique vol en cloche et atterrissent directement… dans une bouse de vache.

Müesli ne réussit à sauver qu’une seule carotte. Smiley ne peut pas s’empêcher de rire. Le regard des Eclais passe de Müesli et Smiley aux carottes dans la bouse de vache. Smiley explique : « en fait, c’est comme pour la viande ! Imaginez que les vaches mangent les sept carottes que nous avons plantées et récoltées moyennant beaucoup de travail ; la plus grosse partie est digérée et finit en bouse. Mais si on utilise les légumes directement – par exemple dans un burger végétarien – alors la carotte que Müesli a sauvée suffit à rassasier quelqu’un. »

7 baignoires d’eau pour un burger

Quand on pense aux produits d’origine animale, on oublie souvent la quantité de nourriture nécessaire pour nourrir les animaux. Pour produire un steak haché de 100 g de viande de bœuf, environ sept baignoires remplies d’eau sont nécessaires pour l’alimentation des vaches. Pour un steak végétarien, une baignoire suffit. Comme les animaux ont aussi besoin de faire fonctionner leur propre métabolisme, une grande partie de l’énergie apportée par la nourriture est donc « perdue ». La production d’une calorie animale nécessite en moyenne sept calories végétales. Pour la viande de bœuf, par exemple celle qu’on utilise pour un burger classique, c’est même encore pire.

 

Pas très efficace, n’est-ce pas ?

 

En outre, le processus de digestion des bovins et des autres ruminants produit du méthane. Le méthane est un gaz à effet de serre bien plus problématique que le CO2. De ce fait les émissions d’un burger de bœuf sont bien plus élevées que celles d’un burger à base de légumes.

Burger Grafik

Les Eclais se ruent sur la table de service et se servent de burgers végétariens. « Mmmh, trop bon !» s’exclame Adler. « Ça compense largement le retard ».

 

« C’est bon » dit Foxy, la bouche à moitié pleine, « mais il n’y aura plus jamais de viande alors ? » demande-t-il un peu choqué. « Bien sûr que si », le rassure Müesli, « c’est juste important de manger de la viande en étant conscient-e de ce qu’on fait. On ne va pas se priver de déguster un poulet bio de la ferme d’à côté ».

 

D’ailleurs, vous trouvez d’autres idées de jeux dans lesquels aucune carotte n’atterrit dans une bouse de vache (#foodwaste) sur https://www.faires-lager.ch/fr/.

 

 

Au mova, les burgers feront bien sûr partie du planning des repas. Les unités peuvent choisir entre des burgers de viande ou végétariens.

Giesskanne